Tribune parue le 6 septembre 2012 dans Libération

 
Programme d'action gouvernemental sur l'agglomération marseillaise : pour une réponse efficace


A Marseille et plus largement dans les Bouches du Rhône, l'émotion suscitée par les assassinats à répétition va au-delà de l’insupportable remise en cause de l'ordre public, quand nous assistons éberlués à l'incapacité de l'Etat à le rétablir.

Nous vivons sous des latitudes où la République est durablement malade. Nous assistons au délabrement de l'ordre républicain dont les fondements sont pourtant censés garantir une démocratie active au service de l'intérêt général, de la solidarité et de la défense des plus faibles. Pourtant, ni la police, ni la justice, ni les partis politiques ne sont plus en mesure d'agir efficacement.

Nous sommes confrontés à des coteries. Leur modèle de représentativité investit les corps intermédiaires et les partis politiques. Les choix opérés ne se font pas avec l'ambition de servir la République, mais avec la volonté de renforcer des intérêts particuliers économiques, claniques, népotiques. Trop souvent, les décisions prises concourent à l'achat de clientèle, au développement de systèmes chargés d'ériger la servitude volontaire en pratique dominante.

Des exemples, dans les responsabilités qui sont les nôtres, nous en rencontrons une multitude, au point que nos amis d'autres régions nous souhaitent souvent « bon courage ». Une fois dépassées la peur physique, les insultes, les menaces, ce qui nous inquiète est de voir des complicités, patiemment érigées au niveau national au coeur de nos organisations ou dans les administrations, se déployer plus ou moins ouvertement. En regard, nombreux sont ceux au plan local à avoir peur de se voir chargés de résoudre des problèmes jugés insurmontables. Comprenons-nous bien : nous sommes bien au-delà de l'impéritie. Les comportements de tartuffe sont autant de blancs-seings adressés aux tenants de systèmes où l'argent public est privatisé au service d'intérêts particuliers.

Notre République est mal armée pour y faire face. Le temps judiciaire est un temps long ; son action tous azimuts peut renforcer les tentations populistes et alimenter l'anti-parlementarisme. Nous ne connaissons que trop, ceux qui sont prêts à tourner casaque et à hurler avec les loups. Si la République se donne les moyens de se pencher sur le délabrement de notre capitale régionale, ce n'est pas de moyens supplémentaires qu'elle doit mobiliser en premier, mais les meilleurs de ses fonctionnaires, ceux à l'esprit désintéressés prêts à sortir des sentiers battus, des coteries, comme des compromis passés avec des hobereaux ambitieux.

Cela passe par un changement d'hommes. Cela nécessite un dialogue offensif avec les organisations syndicales, les partis politiques et la sphère associative. Cela impose que tous s'interrogent sur leur fonctionnement quand la facilité pousse à des solutions attentistes, des commissions hors sol, qui s'accommodent trop souvent d’entorses répétées.

Car les systèmes qui ont été érigés concourent à faire de notre territoire un espace de très grande pauvreté aux plans social et économique, à anesthésier les idées comme les projets, à asservir les hommes et leurs ambitions. En regard, le « à quoi bon » est devenu une antienne qui nous enfonce toujours plus dans notre situation faussement inextricable. Et c'est là une victoire supplémentaire pour les tenants du maintien de pratiques si éloignées de l’idéal républicain.

Fernand Afonso (archéologue, militant associatif parent d'élèves), Jean-Bruno Boueri (pompier professionnel, syndicaliste), Jean-Philippe Cortes (pompier professionnel, président d'association), Annie Lévy-Mozziconacci (médecin, militante associative parent d'élèves), Fatima Orsatelli (conseillère régionale, déléguée à la politique de la ville), Pierre Orsatelli (chef d'entreprise, porte-parole RenouveauPS13), Fabien Perez (avocat, président Le Renouveau c'est maintenant !), Franck Verriest (pompier professionnel, syndicaliste)


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