Programme
d'action gouvernemental sur l'agglomération marseillaise : pour
une réponse efficace
A
Marseille et plus largement dans les Bouches du Rhône, l'émotion
suscitée par les assassinats à répétition va au-delà de
l’insupportable remise en cause de l'ordre public, quand nous
assistons éberlués à l'incapacité de l'Etat à le rétablir.
Nous
vivons sous des latitudes où la République est durablement malade.
Nous assistons au délabrement de l'ordre républicain dont les
fondements sont pourtant censés garantir une démocratie active au
service de l'intérêt général, de la solidarité et de la défense
des plus faibles. Pourtant, ni la police, ni la justice, ni les
partis politiques ne sont plus en mesure d'agir efficacement.
Nous
sommes confrontés à des coteries. Leur modèle de représentativité
investit les corps intermédiaires et les partis politiques. Les
choix opérés ne se font pas avec l'ambition de servir la
République, mais avec la volonté de renforcer des intérêts
particuliers économiques, claniques, népotiques. Trop souvent, les
décisions prises concourent à l'achat de clientèle, au
développement de systèmes chargés d'ériger la servitude
volontaire en pratique dominante.
Des
exemples, dans les responsabilités qui sont les nôtres, nous en
rencontrons une multitude, au point que nos amis d'autres régions
nous souhaitent souvent « bon courage ». Une fois
dépassées la peur physique, les insultes, les menaces, ce qui nous
inquiète est de voir des complicités, patiemment érigées au
niveau national au coeur de nos organisations ou dans les
administrations, se déployer
plus ou moins ouvertement. En regard, nombreux
sont ceux au plan local à avoir peur de se voir chargés de résoudre
des problèmes jugés insurmontables. Comprenons-nous bien : nous
sommes bien au-delà de l'impéritie. Les comportements de tartuffe
sont autant de blancs-seings adressés aux tenants de systèmes où
l'argent public est privatisé au service d'intérêts particuliers.
Notre
République est mal armée pour y faire face. Le temps judiciaire est
un temps long ; son action tous azimuts peut renforcer les tentations
populistes et alimenter l'anti-parlementarisme. Nous ne connaissons
que trop, ceux qui sont prêts à tourner casaque et à hurler avec
les loups. Si la République se donne les moyens de se pencher sur le
délabrement de notre capitale régionale, ce n'est pas de moyens
supplémentaires qu'elle doit mobiliser en premier, mais les
meilleurs de ses fonctionnaires, ceux à l'esprit désintéressés
prêts à sortir des sentiers battus, des coteries, comme des
compromis passés avec des hobereaux ambitieux.
Cela
passe par un changement d'hommes. Cela nécessite un dialogue
offensif avec les organisations syndicales, les partis politiques et
la sphère associative. Cela impose que tous s'interrogent sur leur
fonctionnement quand la facilité pousse à des solutions
attentistes, des commissions hors sol, qui s'accommodent trop souvent
d’entorses répétées.
Car
les systèmes qui ont été érigés concourent à faire de notre
territoire un espace de très grande pauvreté aux plans social et
économique, à anesthésier les idées comme les projets, à
asservir les hommes et leurs ambitions. En regard, le « à quoi
bon » est devenu une antienne qui nous enfonce toujours plus
dans notre situation faussement inextricable. Et c'est là une
victoire supplémentaire pour les tenants du maintien de pratiques si
éloignées de l’idéal républicain.
Fernand
Afonso (archéologue, militant associatif parent d'élèves),
Jean-Bruno Boueri (pompier professionnel, syndicaliste),
Jean-Philippe Cortes (pompier professionnel, président
d'association), Annie Lévy-Mozziconacci (médecin, militante
associative parent d'élèves), Fatima Orsatelli (conseillère
régionale, déléguée à la politique de la ville), Pierre
Orsatelli (chef d'entreprise, porte-parole RenouveauPS13), Fabien
Perez (avocat, président Le Renouveau c'est maintenant !), Franck
Verriest (pompier professionnel, syndicaliste)
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